room for inclusion feature

il faut être plus inclusif

il faut être plus inclusif
co-produit avec article one eyewear.
Avec le milieu dans lequel il a grandi, le sport de prédilection de Massimo Alpian aurait dû être le soccer. Son père était un fervent amateur du sport et tenait à ce que son fils s’y lance, mais Alpian n’en avait simplement pas envie. « Chaque dimanche matin, j’étais un peu agacé de devoir aller jouer mes matchs, » confie Alpian. Il avait un autre sport en tête. « Je voulais faire du vélo. »

Il préférait monter sur son vélo et partir explorer la ville et trouver des chemins et des sentiers cachés partout où il avait accès. Pour Alpian, de pédaler les rues de New York était une opportunité pour explorer, et pour se découvrir, mais l’aventure était solitaire. Le cyclisme ne faisait pas vraiment partie de la culture des fils de familles ouvrières et immigrantes dans cette ville. « En tant qu’adolescent en plein questionnement sur qui j’étais, » dit Alpian, « j’ouvrais les magazines ou la télévision pour voir des cyclistes courser, et je les trouvais super cools. Je voulais devenir comme eux un jour, mais je ne sentais pas que je pouvais être authentiquement moi-même en tant que cycliste. » Il ne voyait personne avec qui il pouvait s’identifier.

Aujourd’hui, Alpian veut changer ça. En tant que manager des relations médias pour Cannondale et GT Bicycles, il fait ce qu’il peut pour rendre la communauté cycliste plus accessible et ouverte.
« mon objectif, c’est qu’un autre jeune comme moi puisse ouvrir un magazine de vélo et lire une histoire sur un.e cycliste noir.e ou autochtone ou une personne LGBTQIA+ et sentir que tous peuvent être authentiquement eux-mêmes, tout en s’identifiant comme cyclistes. »
Alpian, qui a travaillé avec des marques comme Camelbak, HOKA et Tracksmith, est aussi sur le conseil d’administration de Ride for Racial Justice. Article One lui a récemment parlé de son rôle en tant que membre de la communauté de plein air LGBTQIA+, et sur les efforts qu’il fait pour rendre le monde du plein air en général plus inclusif.

Liam Boylan-Pett : Alors que tu grimpes les échelons de ta carrière dans l’industrie du cyclisme, quels sont tes objectifs par rapport à la communauté, pour la rendre plus accessible et diversifiée?

Massi Alpian : Je crois que nous pouvons tous admettre et accepter que l’industrie du vélo a été plutôt homogène pendant très longtemps, et pas seulement du côté des marques, mais aussi du côté du peloton d’élite, autant que du côté des organisations de terrain. Cette homogénéité a été assez évidente, autant dans le marketing que dans le design des produits. Quand un petit groupe d’individus contrôlent les clés d’accès à l’industrie, le design de produits en devient nécessairement le miroir, et le message, les athlètes et ambassadeurs en seront certainement la copie aussi.

Mon objectif est d’aider à changer cet état de fait avec le privilège dont je bénéficie présentement. Donc d’être une voix différente dans la prise de décisions, quelque chose qui n’aurait pas pu exister il y a 10 ou 20 ans, comme je suis un homme de couleur gai. En tant que personne qui, historiquement, aurait été marginalisée dans cet espace, j’espère créer de nouvelles opportunités.

LBP : Comment crois-tu pouvoir créer ces nouvelles opportunités pour les communautés marginalisées?

MA : Je crois que mon objectif, ultimement est de changer le regard et la face, littéralement et figurativement, du cyclisme. Il n’est pas question de le faire non plus uniquement du côté des marques, mais aussi chez les athlètes, les ambassadeurs, mais aussi les organisations avec qui nous formons des partenariats et qui ont la même mission et les mêmes valeurs que nous, mais sur le terrain. Ultimement, nous voulons que tous se sentent à l’aise de monter sur un vélo, et qu’on leur parle et s’intéresse à eux, à leurs histoires et leur personne, d’un point de vue de message, mais aussi de design de produits.
LBP : Quels sont les enjeux qui maintiennent les communautés marginalisées hors des réseaux du cyclisme en ce moment, et qu’est-ce que nous pouvons faire pour les inclure?

MA : J’aime presque tous les sports de plein air, et la course est l’un de mes favoris. Pour courir, on n’a vraiment besoin que d’une paire de chaussures, et d’un espace où courir. Il y a beaucoup plus de barrières à l’entrée dans le cyclisme. Un vélo, ce n’est pas donné, et ça, c’est une barrière, sans compter tout le reste de l’équipement dont on a besoin, comme le casque ou les lunettes. Le vélo n’est pas non plus quelque chose de facile à commencer.

En fait, pour plusieurs personnes, la question des barrières est un réel défi, mais pour moi, c’est relativement facile à déconstruire, car il ne faut que d’abord rendre nos espaces plus inclusifs et représentatifs, pour donner de l’écho aux récits et expériences qui ne sont pas entendues. C’est vraiment le niveau 101 pour moi, d’amplifier et de porter à l’avant-scène ces histoires pour créer un espace plus représentatif. À partir de là, tout pourra ensuite en découler. Si nous pouvons changer notre culture, nous pouvons ensuite faire en sorte que les barrières à l’entrée, du côté de l’équipement par exemple, soient plus accessibles.

LBP : De quoi aurait l’air ce changement de culture? Comment peux-tu amplifier ces histoires?

MA : Un truc que je ramène toujours sur la table avec mon équipe, et sur lequel nous travaillons à l’interne, chez Cannondale – et sur lequel j’ai vu travailler d’autres marques de vélo – c’est le changement des processus d’embauche pour créer des milieux de travail plus représentatifs. Une fois que ces changements seront faits, et que les différents espaces de l’industrie seront plus représentatifs, les équipes qui contrôlent les prises de décisions pour l’industrie seront aussi plus représentatives, et c’est à partir de là que le design et le marketing seront aussi plus inclusifs. Je veux voir plus d’ambassadeurs qui représentent la diversité, car à partir de là, nous pourrons inspirer les jeunes qui regardent ces athlètes et qui voient des visages qu’ils peuvent reconnaître, et auxquels ils peuvent s’identifier.

Mais il faut comprendre aussi que l’inclusion ça va bien plus loin que la question des ambassadeurs. J’adore voir des marques qui font des partenariats avec des organisations sur le terrain qui travaillent fort pour améliorer l’accessibilité. Il y a des organisations comme Bike Ride for Black Lives ou Ride for Racial Justice, pour laquelle je suis administrateur, qui font de l’excellent travail pour créer ces espaces plus représentatifs. J’aimerais voir des marques commencer des partenariats avec ces organisations qui créent une structure plus cohésive pour entamer des changements profonds.
LBP : Y-a-t-il des projets sur lesquels tu as travaillés qui se démarquent, et qui, selon toi, ont vraiment de l’impact vis-à-vis tes objectifs d’inclusion?

MA : En 2020, l’équipe de St. Augustine est devenue la première issue d’une Historically Black College and Universities (HBCUs) au pays à s’enregistrer avec la USA Cycling. Ça a inspiré Cannondale et le EF Education First Pro Cycling, notre équipe professionnelle, à se joindre à la USA Cycling pour faire boule de neige avec cette initiative. Alors, en 2020, nous avons annoncé que Cannondale et USA Cycling allaient lancer le premier programme en son genre pour créer des programmes cyclistes dans les HBCUs et les Tribal Colleges and Universities. Il y a certes plus à venir, avec la liste des écoles participantes qui sera révélée sous peu. Je suis vraiment excité de travailler sur ce projet qui va supporter la seconde équipe de cyclisme dans une HBCU de l’histoire. Notre objectif est de continuer de faire grandir ce programme, et de créer un nouveau modèle par lequel d’autres marques pourront, on l’espère, faire de même et emmener des programmes de cyclisme dans des communautés qui n’ont jamais vu le moindre investissement par des marques ou des organisations par le passé.

LBP : Tu œuvres aussi à créer ces opportunités hors de ton travail, en siégeant sur le conseil d’administration de Ride for Racial Justice, Protect Our Winters, Ned Gravel et d’autres organisations. Qu’est-ce qui te fait vraiment vibrer avec des organisations comme Ride for Racial Justice?

MA : Je suis tellement fier de Ride for Racial Justice, et des opportunités que nous voulons créer. L’un des projets majeurs sur lesquels nous travaillons s’inscrit dans le cadre de la course Steamboat Gravel au mois d’aout. Nous y emmènerons 25 cyclistes issus de communautés BIPOC. Nous nous occupons de tout pour eux, du transport pour s’y rendre, jusqu’à la logistique d’entrainement. Pour quelques-uns de ces cyclistes, ce sera une première course – certains d’entre eux sont nouveaux au sport. J’ai vraiment hâte de les voir performer.
LBP : Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut aider à rendre le milieu des sports de plein air plus accessible?

MA : Je suis souvent découragé. Parfois, lorsqu’on dit les choses comme elles sont, des gens qui participent à la discussion seront profondément inconfortables. Vous allez rendre plusieurs personnes vraiment inconfortables en mettant vos idées sur la table. Et ça peut être vraiment intimidant, surtout lorsque vous êtes une île en plein milieu de la salle, et que personne d’autre dans la pièce n’a vraiment partagé des expériences ou des pensées similaires aux vôtres.
en bout de ligne cependant, si vous rendez quelqu’un inconfortable pour les bonnes raisons, par exemple en voulant provoquer des changements dans les bons espaces, en essayant de les rendant plus inclusifs, alors vous faites la bonne chose.
Alors, mon conseil; sachez que vous aurez des journées plus difficiles et que vous aurez des conversations tout aussi difficiles. Mais ça veut dire que vous faites la bonne chose. Et tout ça, c’est pour un objectif final commun : créer des espaces plus diversifiés, représentatifs et durables.
à propos de l'auteur.e
liam boylan-pett
Go to top