mots: andy cochrane
images: andy cochrane

En quittant la maison, dans le nord-ouest du Wyoming, le thermomètre indiquait sept sous zéro (Fahrenheit). Même avec nos 4 couches de vêtements, la fraicheur se faisait toujours sentir, nous mettant bien en appétit pour le soleil des tropiques et l’océan qui nous attendaient. À notre arrivée à Tahiti, 14 heures plus tard, il faisait 78 degrés. Mon corps allait s’en prendre pour tout un choc!

Même si notre voyage en Polynésie française n’était que d’une durée de 10 jours, nous avons décidé de visiter quatre iles différentes, ce qui, avec un peu de recul, était peut-être un peu ambitieux. Dans l’espoir de vivre l’expérience unique des cultures locales de chacune des îles, nos journées étaient bien remplies de nage, de visites organisées, de course, et d’exploration de petits villages. Constituée de 118 îles, distribuées dans 5 archipels majeurs, la Polynésie française occupe un espace de plusieurs milliers de miles carrés de l’étendue océanique du Pacifique sud. Bien que la plupart de ces îles et atolls soient similaires en termes de climats, de faune et de flore, les traditions locales, allant de la danse, à la nourriture, aux tatouages et à la langue parlée y varient largement. Nous voulions en apprendre un peu plus sur chacun de ces éléments par nous-mêmes en explorant chacune des îles à pied et avec nos tubas.

Premier arrêt : Raiatea

Notre voyage a débuté sur Taiatea, l’une des plus grandes îles de la Polynésie, et considérée comme le centre du triangle polynésien, qui s’inscrit entre la Nouvelle-Zélande, l’Île de Pâques et Hawaii. Raiatea serait, selon les légendes, le berceau de la culture polynésienne. C’est de là que leurs pagayeurs seraient partis à la découverte des îles polynésiennes, et c’est aussi là où se trouve le plus important marae, un site religieux historique. Nous avons eu la chance d’y apprendre beaucoup sur la culture locale avec notre guide, Tahiarii, en visitant des sites culturels et une ferme, le tout en appréciant des mets locaux avec lui et des amis – un mélange de poisson frais, de lait de coco et de légumes. Cette rencontre nous a ouvert les yeux sur la renaissance tahitienne, un retour des danse traditionnelles, des chansons, de la langue et de la nourriture.

Comme beaucoup de ces îles, Raiatea est entourée d’un récif qui forme un lagon bleu turquoise abritant des douzaines d’espèces de poissons, de corail, et tout un écosystème aquatique à couper le souffle. Nous avons séjourné à Le Tahaa, l’un de ces hôtels haut de gamme avec des bungalows sur l’eau. Les sentiers à proximité étaient plutôt courts, notamment parce que l’hôtel était sur le récif, et non pas sur l’île principale. Nous avons quand même déniché une courte boucle d’un demi-mile où faire nos répétitions le matin, avant que le soleil ne soit trop haut. L’île principale était marquée de plusieurs sentiers de randonnée, quoique souvent courts et envahis par la végétation, se terminant généralement sur des espaces pour la nage, des chutes d’eau pittoresques, ou des maraes, ces anciens sites religieux. Il vaut toujours mieux de vérifier avec des locaux pour connaître l’état des sentiers, et savoir si ceux-ci sont publics ou non. Notre préféré aura été cette montée de 11 miles jusqu’au sommet du Mont Temehani au centre de l’ile, offrant des vues absolument magnifiques. Assurez-vous tout de même d’emmener assez d’eau, l’humidité ambiante vous fera assurément suer!

Deuxième arrêt : Moorea

À seulement une dizaine de miles de Tahiti, l’île principale de la Polynésie française, Moorea est un trésor bien caché, et peu peuplé. Les gens y sont relax et très accueillants, sans compter qu’on y retrouve beaucoup de vendeurs de fruits en bord de route, ainsi qu’une communauté active de coureurs et de randonneurs. Nous avons commencé notre séjour avec une demi-journée de plongée sous-marine autour du récif en apprenant sur le corail, et nous avons même eu la chance de toucher une pieuvre.  Après avoir trop mangé de mangues au lunch, nous avons passé le mieux des deux journées suivantes vers l’intérieur de l’île, à courir des sentiers et explorer des plantations d’ananas. Nous avons rapidement appris que les sentiers ici était très variables, et qu’il fallait se renseigner pour pouvoir apprécier nos sorties de course. 

L’une de nos sorties favorites était un court trajet vers le Magic Mountain, une route plutôt courte mais bien à pic, sur le côté nord de l’île, offrant une vue magnifique au sommet. Un autre secret bien gardé était une boucle à travers la Three Coconut Pass du côté sud de l’île, un trajet sinueux à travers plusieurs types de forêts. Mais, sans contredis, le plus intéressant réseau de sentiers est autour de Belvedere, au nord du Mont Tohivea, du côté centre-nord de l’île. Nous avons pu y apprécier de longues sorties dans la jungle, avec quelques arrêts pour admirer et profiter des chutes d’eau. Cette zone serait aussi appréciée des amateurs de vélo de montagne, avec ses sections techniques qui ont de quoi plaire aux cyclistes de tous les niveaux.

Troisième arrêt : Tahiti

Quelques jours plus tard, nous avons repris le ferry vers Tahiti pour un court trajet de 30 minutes. L’île principale du pays accueille près de 70% de sa population, et offre décidément une atmosphère métropolitaine avec ses autoroutes et tous ces gens qui s’y affairent. Avec l’aéroport international qui y est situé, à Papeete, tout le trafic international y passe à l’arrivée et au départ. C’est aussi la plus grande île, avec beaucoup trop de sentier à explorer pour les quelques deux jours que nous avions à y consacrer. Grâce aux informations offertes par notre guide local, Teuai, nous avons changé nos plans à la dernière minute. Au lieu de mettre l’accent sur des sorties de course plus courtes, nous avons opté pour une aventure plus longue et ainsi traverser l’île du nord au sud.

Teuai est l’un des guides les plus respectés de la Polynésie française, débordant d’un savoir ancestral sur l’écosystème, l’histoire et la culture tahitienne. Après une journée avec lui, à apprendre sur la jungle pour avoir une meilleure idée de l’île, nous sommes partis par nous-même, suivant un chemin de terre longeant la rivière Papenoo vers la vallée du même nom. Sur une montée graduelle, nous sommes passés par plusieurs petites maisons, historiquement les premières communautés de l’île, et géologiquement, son cratère central où le volcan a explosé il y a des milliers d’années. Montés à près de 3000 pieds, nous en avons profité pour nous rafraichir dans une petite chute d’eau et apprécier les points de vue. Nous sommes ensuite passé par un tunnel avant de redescendre les derniers 10 miles de ce trajet qui en faisait 24. N’ayant pratiquement pas vu de voitures ou de motos de la journée, c’était définitivement la meilleure façon possible pour nous d’apprécier l’île.

Quatrième arrêt : Bora Bora

Notre dernier arrêt était sur l’une des îles les plus connues, surtout pour ses hôtels cinq-étoiles et son récif de corail. Bora Bora est certes la destination la plus touristique du pays, marquée comme elle l’est d’une culture un peu moins-que-locale. Hôte dans l’un des hôtels de l’atoll, nous avons pu dénicher un beau sentier en bord de mer offrant des levers de soleil épiques. Histoire de se reposer un peu les jambes, nous avons passé le restant d’une journée en bateau avec un guide local, Narii, à nager au tuba avec des raies, des requins et des bancs de poissons multicolores, sans oublier le repas traditionnel chez lui – encore une fois un mélange de poisson frais, de lait de coco et de légumes cueillis à même son jardin.

Lors de notre dernier jour, nous en avons profité pour aller visiter l’île centrale elle-même, excursion agrémentée d’un jogging léger le long de son périmètre. Nous en avons profité pour nous arrêter à plusieurs endroits pour apprécier la nourriture, les vues, et nager, le long d’une boucle de 20 miles, sans oublier de nous empiffrer du plus de mangues possibles. Avec le départ le lendemain matin, je ne trouvais pas les mots pour arriver à décrire notre expérience. Ce n’est que maintenant, avec un peu de recul, que cette aventure éclair dans le Pacifique sud fait plus de sens. Il était facile de se perdre dans la frénésie des activités à répétition; courir tous les sentiers, tout manger, rencontrer tout le monde. Nous avons visité 4 îles en neuf jours, à peine assez de temps pour respirer après avoir ouvert nos sacs qu’il fallait déjà tout remballer pour se déplacer.

Ceci étant dit, la course nous permettait d’avoir un peu plus de perspective sur ce que nous avions la chance de vivre à ce moment. Lorsqu’on voyage à pied, en explorant les sentiers et les routes, on est forcé de ralentir pour apprécier l’espace d’une autre façon. On se donne ainsi l’opportunité d’interagir plus intimement avec la terre, avec ses gens, et avec le climat. Malgré la fraction de temps que nous avons pu leur consacrer, ces sorties de course à Tahiti étaient vraiment les points forts de notre voyage, car elles nous ont permis de ralentir, et d’apprécier l’opportunité de vivre ces moments.