Que cela soit pour démarrer sa journée du bon pied, profiter des rues vides de sa ville ou voir les premiers rayons de soleil, nombreux sont les runners qui sortent très tôt le matin. On les appelle communément les
« early birds ». Si tu te lèves à 7h00 et que tu check ton Strava, ils ont déjà souvent posté un « morning run », quelques photos de sunrise ou de délicieux croissants. Excuses, explications, raisons pour ne pas aller courir… rien de cela ne fait partie de leur registre. Ils sont une source de motivation pour les uns et d’incompréhension pour les autres. A Paris, des quais de Seine jusqu’au canal de l’Ourcq en passant par Montmartre ou les Buttes Chaumont, ils sont de plus en plus nombreux à profiter de ce créneau. Le photographe Romain Bourven en a rencontré 4 d’entre eux. Ils nous en disent plus sur cette pratique et nous font découvrir leur terrain de jeu.

mots et images: romain bourven
coureurs: adèle, fran, romain, et ruddy

Salut, peux tu te présenter en quelques mots ?

Romain: Moi c’est Romain Carette, lillois de 30 ans, je travaille depuis 2015 pour une agence de communication parisienne spécialisée dans les PowerPoint (si, si, ça existe vraiment !). Fidèle à mes origines nordistes, malgré mes venues dans la capitale, je suis resté licencié au Lille Métropole Athlétisme, club dans lequel je me suis spécialisé dans la course de fond : marathon (2h26’50), Semi (1h07’00), 10km (30’47). Je fais également partie du Team Saucony depuis maintenant 4 ans !

Adèle: Salut ! Je m’appelle Adèle, je vis dans le 18e arrondissement de Paris. J’ai pour centres d’intérêt majeurs la bouffe, le théâtre, la musique, et bien sûr la course à pied ! Avec un grand amour des côtes, des chemins plein de cailloux et de racines, avec option boue.

Ruddy: Je m’appelle Ruddy, je travaille à mon compte en tant que Digital talent; ce qui comprend Ambassadeur/Influencer/Model/Consultant et plein d’autres choses 🙂
Je suis le capitaine de la communauté parisienne POWER UP.

Fran: Moi c’est Fran, runneuse de 32 ans, je suis native alsacienne et domiciliée à Paris depuis 4 ans. Je travaille dans le sport marketing et j’aime courir sur la route comme en montagne, plutôt longtemps qu’intensément !

Pourquoi courir si tôt le matin ?

Romain: C’est un choix qui est motivé par plusieurs raisons. En premier lieu, il faut savoir que je vis actuellement en plein milieu du 10e arrondissement. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de traverser la rue du faubourg St Denis, les Grands Boulevards ou même les quais à l’heure des afterworks… c’est un enfer ! Le matin, à 6- 7h, c’est comme si Paris nous appartenait. On peut choisir où aller courir sans avoir à slalomer.

La deuxième raison est moins flatteuse dirons-nous : courir le matin, à jeun, me permet d’éviter les maux d’estomac que j’ai souvent lors de séances en soirées, dûs à une digestion un peu difficile du déjeuner… ou à mon alimentation peu équilibrée… ou au deux ! La troisième raison s’applique lors des grosses prépas marathon lors desquelles je fais du biquotidien. Donc forcément une des deux sorties se fait aux aurores. Enfin la quatrième raison de préférer les entrainements matinaux, c’est d’être libre de pouvoir dire « oui » à des afterworks entre potes. Finis les «désolé, je peux pas, j’ai du seuil à soir !»

Adèle: Je cours tôt surtout en période de prépas. Au départ, par nécessité : pour pouvoir organiser ma journée et espacer les séances en faisant la suivante le lendemain au soir. Ca optimise la récup. Alors j’y vais souvent en grognant, mais une fois lancée, je me dis que « Ouais, quand même, c’est cool… ». Je m’entraîne à Montmartre, pour ses côtes et ses escaliers, parfaits pour se préparer pour un trail. Courir là-bas alors que le jour se lève, que les cafés ouvrent les stores et que la lumière se jette sur la ville, c’est vraiment cool !

Ruddy: C’est par choix : en vrai je cours au lever du jour et à son coucher. L’avantage c’est qu’il y’a beaucoup moins de monde qu’aux autres heures. Aussi j’adore courir tôt le matin pour pouvoir apercevoir les premières lueurs du soleil. Voila pour la partie poétique. Je trouve que courir avant de « commencer ta journée » apporte une très grande énergie. Pour mon job de « créatif » cette énergie est indispensable. En fait, la partie poétique n’était pas terminée 🙂

C’est quoi ton rituel avant de démarrer ?

Romain: Vous voulez vraiment savoir ? lol. Alors… En géneral, le réveil sonne à + ou – 6h du matin. La première chose que je fais c ‘est d’aller aux WC et d’y rester le temps d’émerger. Puis je m’habille, je bois un verre d’eau et c’est parti !

Adèle: Râler ! Je suis surtout un « Angry Bird ».

Ruddy: J’ai pas de « vrai » rituel avant de démarrer, sinon que je ne bois ni ne mange avant d’aller courir. Si je ne suis pas avec mon équipe; je mets un bon rap dans mes oreilles puis je me lance.

Fran: Je me lève, je me débarbouille, j’enfile mes fringues et je prends un café. Je m’étire un peu et je pars tranquillement; 15/20′ après le réveil. Si je sais d’avance que je vais mettre un peu d’intensité ou que je cours plus d’1H, je prends un fruit ou autre petit solide.

Quel est ton parcours type ?

Romain: J’ai plusieurs parcours dans Paris que j’aime emprunter. L’un de mes favoris le matin relie plusieurs spots habituellement pris d’assaut en soirée : Boulevard de Sébastopol, Rue de Rivoli, quais, Louvre, Tuileries, Concorde, Champs-Elysées, Grands Boulevards….

Parcours de Romain sur strava.

Adèle: Un petit parcours que j’ai « inventé » (*lol, la meuf en déposerait un brevet) et intitulé « Le Zigzag des Champions » (*no comment). Il propose une vue imprenable sur les vignes de Montmartre, le Sacré Coeur, le légendaire buste de Dalida aux nibards d’or. Ca monte, ça descend, ça monte, je le répète allègrement avant d’aller me butter les cuissots dans les escaliers du funiculaire !

Parcours dAdèle sur strava.

Ruddy: J’aime trop faire la grande boucle des Buttes-Chaumont qui doit faire à peu près 2,5KM. Je commence par un tour tranquille, puis un plus rapide, et un encore plus rapide. Ensuite je termine par 10 répétitions sur une certaine côte mélangeant escaliers et flat ! A la fin : T’ES BIEN !!!!!

Parcours de Ruddy sur strava.

Fran: Quand je suis à Paris, je cours essentiellement dans les alentours du canal de l’Ourcq, vers l’Est donc.Que je fasse 10KM ou 30KM, je longe l’eau et je peux faire demi-tour dès qu’une passerelle se présente ou rebrousser chemin en sens inverse.C’est calme, il n’y a pas de voitures et le sunrise est sympa en été comme en hiver 😉

Parcours de Fran sur strava.

Peux tu nous raconter la fois ou tu t’es levée le plus tôt pour aller courir ?

Romain: Pendant le confinement, je voulais vraiment éviter de croiser le maximum de monde lorsque je faisais mes sorties d’1h à 1km maxi de chez moi, 1 × par jour. Or comme je l’ai dit au-dessus, je vis dans un quartier hyper vivant du 10e. Donc même pendant le confinement, il pouvait y avoir pas mal de brassements de personnes en journée. Il m ‘est donc arrivé de me réveiller vers 5h du matin pour aller courir. C’était tranquille !

Adèle: J’ai pas d’anecdote impressionnante… Je pense que c’était avant le marathon de Valencia quand mon coach Alexis et son pote Pierre se sont mis à faire les mariolles comme s’ils rentraient de soirée alors que mon réveil avait pas sonné. Franchement…j’ai râlé.

Ruddy: Le plus tôt que j’ai fait c’est 3H, mais ceux qui me connaissent savent que mon heure favorite c’est 4h, pour les trails. La fois ou j’ai courru à 3h du matin c’est parcequ’il y avait un orage et que je n’arrivais pas à dormir. Comme j’adore courir sous la pluie et que je n’avais que ça à faire j’ai couru de Choisy le Roi jusqu’à Bastille… KO, j’ai appelé un Uber pour faire le retour : la voiture m’a bercée je suis rentré j’ai dormi comme un bébé.

Fran: Je suis arrivée à Paris en 2016 avec un boulot que je démarrais à 7H du mat’ et surtout.. en préparant un marathon !Sans savoir l’heure à laquelle j’allais terminer le soir, j’ai vite adopté le rythme du run matinal. Autant te dire que quand j’avais une sortie d’1H30 ou + à faire, je commencais à courir vers 4H/4H30 du matin.Aujourd’hui, je pourrais aller courir à 8H mais mon amour des earlybird est toujours là!J’ai connu un réveil à 1H30 du mat’ pour un ultra trail mais cela reste exceptionnel.

Penses tu que s’entraîner tôt améliore tes performances ?

Romain: Je n’ai pas vraiment d’avis scientifique sur le sujet. Je ne préfère pas dire de bétises. En revanche, je peux parler de cette prépa-confinement justement. Je m ‘entrainais essentiellement les matins et complétais avec du renfo dans nos garages : un mois plus tard, je réalisais ma deuxième meilleure perf. lors d’un marathon-solo (2h27). Est- ce-que le fait de m’entrainer les matins a aidé ? Je ne sais pas. Mais en tous cas, ça ne m’a pas desservi.

Adèle: Certainement mais qui suis-je pour le confirmer ? Par contre je suis incapable de faire des séances de vitesse le matin, sinon je vomis.

Ruddy: Je ne sais pas si ça améliore les performances de tout le monde, mais je sais que ca participe à l’amélioration des miennes. Je continue d’assimiler mon travail matinal tout au long de la journée.

Fran: Je ne peux le certifier mais je suis convaincue que le fait de s’entraîner tôt et donc d’arriver à se lever tôt représente une sorte d’auto-discipline et donc de force mentale ! Tu sais, celle nécessaire quand tu es en préparation d’une compétition par exemple.T’as beau aimer ce sport, être motivé/e à bloc .. quand t’as un coup de mou face à une séance difficile, c’est bel et bien cette auto-discipline qui prendra le relai. M’entraîner tôt me permet aussi parfois de doubler les séances sur une journée (matin/soir), ce qui est, pour moi, plus optimal que de faire une très grosse séance le soir et m’empêcherait potentiellement de m’endormir (eh oui, on a tous un rapport différent avec notre copine l’endorphine!)

Que dire aux runners qui n’arrivent pas à sortir du lit le matin

Romain: Faites l’effort une fois pour essayer. Vous verrez que votre esprit sera libéré et vous attaquerez votre journée du bon-pied avec le sentiment apaisé. « Une bonne chose de faite » comme on dit. Vous n’avez plus qu’à profiter pleinement de votre journée et de votre soirée

Adèle: N’appuyez pas sur snooze et pensez que le soir, vous pourrez aller boire des bières tranquilles parce que votre séance sera pliée.

Ruddy: RIEN!!! Restez au lit comme ça je peux aller m’entraîner sans avoir tout Paname au même endroit 🙂

Fran: Ce n’est peut être pas « naturel » aujourd’hui de mettre un réveil pour aller courir tôt mais si on le décide, on y arrive ! Voici des tips qui peuvent aider au départ : préparer sa tenue de running la veille, mettre plusieurs réveils et l’éloigner du lit, donner RDV à des potes pour courir ensemble ( s’engager auprès des autres donne du courage ) Dans tous les cas, après l’avoir fait, on ne regrette quasi jamais ! promis 😉 On passe vite de l’état d’esprit « ça, c’est fait » à « je suis de la team du matin »