Nous nous sommes assis avec notre FRND alex massey pour en savoir plus sur sa relation avec la course à pied après avoir sorti le court-métrage “here and far,” une exploration en méditation. 60 secondes de film, 60 km de course, 658 tours autour de sa maison.

Ciele: Ça fait maintenant 4 ans que ta femme et toi avez déménagé de Sydney, en Australie, à San Francisco. Qu’est-ce qui vous a amené là?

Alex: Nous venions tout juste de terminer un long voyage de 6 mois en Inde et au Sri Lanka, et, comme nous avions déjà quitté nos emplois, c’était le bon moment pour faire nos valises et partir à l’étranger. Nous avions tous deux adoré visiter San Francisco, et voulions y retourner. La ville est vraiment unique, un mix d’urbanité et de nature, une stupéfiante beauté brute qui ne laisse personne perplexe.

Ciele: Si on pouvait enlever toutes les restrictions de la situation présente, quel serait le premier endroit où tu irais courir?

Alex: Probablement quelque part dans les Marin Headlands, au nord de la ville. Ces sentiers donnent vraiment l’impression d’être à mille lieues de tout. J’adore les matinées sur le mont Tamalpais, ou une longue sortie vers Point Reyes.

Ciele: Tu sembles être vraiment appelé par l’endurance, l’aventure et la découverte. Est-ce qu’il y a eu un moment clé où la course est devenue centrale à ta vie?

Alex: J’avais déjà fait un marathon sur route, mais je n’y avais vraiment pas eu la piqure pour le sport, jusqu’à ce que je participe à mon premier ultra en sentier, la North Face 100 dans les Blue Mountains en Australie, en 2014. C’est à partir de ce moment que la course est devenue une raison pour explorer, une aventure liée à ma capacité à repousser mes limites. J’aime l’idée de pouvoir sortir de chez moi avec seulement mon kit de course, une bouteille d’eau et de la nourriture, et partir à l’aventure. Surtout lorsqu’on voyage. Pour moi, c’est la meilleure façon d’explorer.

Ciele: Tu es directeur commercial et cinéaste pour Avocados and Coconuts, et tu as utilisé tes compétences en vidéo pour documenter une personnalité de la course dans un projet personnel; ton documentaire, Thirty Hours – que nous trouvons par ailleurs vraiment inspirant. Qu’est-ce qui t’as poussé à monter un documentaire sur Wally?

Alex: J’avais participé à la loterie pour la Western States, mais je n’ai pas été sélectionné. Je regardais envieusement la liste des chanceux quand j’ai noté qu’une personne de 72 ans participait. J’ai fait mes recherches pour réaliser qu’il vivait dans la région de la baie de San Francisco. Je l’ai appelé, et lui ai demandé s’il voulait qu’on aille courir ensemble. Le weekend suivant, ma femme et moi étions sur une sortie de 40km avec lui dans les Marin. Il a parlé tout le long, et c’est comme ça que j’ai su que je devais raconter son histoire.

Jamais nous n’aurions pu imaginer comment cette édition de la Western States allait se terminer (allez voir le film!), mais sa ténacité, sa constance et sa motivation sont contagieuses. Il court toujours à chaque jour et participe encore à des 100 miles. Rien ne l’arrête. C’est tellement inspirant de savoir qu’on peut toujours courir et explorer à son âge.

Ciele: Un des membres de notre FAM, Pierre-Alexandre, nous a raconté comment vous vous êtes rencontré. Sa version de l’histoire, c’est qu’il a vu un barbu un peu amoché dans une fromagerie doublée d’un vignoble dans Charlevoix, une journée après l’Ultra-Trail Harricana, et qu’il était certain que c’était un coureur (qu’il avait d’ailleurs vu sur le parcours). Il est allé te parler pour te féliciter et parler de course, et la discussion, d’une chose à l’autre, s’est portée sur le film, et il t’a alors demandé si tu l’avais vu. Un peu pris au dépourvu, tu lui as répondu quelque chose du genre « euuuh ouais… en fait… c’est moi qui l’ai filmé », suite à quoi il a cru bon de te connecter avec Ciele. Quelle est ta version?

Alex: Ma femme et moi étions venu au Québec sur la prémisse que j’allais courir mon ultra (Harricana), seulement si elle pouvait faire sa propre version d’un ultra (visiter le plus de fromageries possible). Donc de tomber sur quelqu’un de Ciele dans une fromagerie était fortuit, mais une incroyable rencontre des mondes! Harricana, c’était incroyable. C’était difficile, mais tellement beau, et c’est toujours plaisant de participer à une course dans un tout nouvel environnement. Je la recommande à tous, surtout ceux qui se cherchent une course qualificatrice pour la Western States. Nous avons même considéré déménager à Montréal pour un instant, jusqu’à ce que nous réalisions à quel point les hivers pouvaient être froids…

Ciele: Trouvant une façon de partir à l’aventure en plein confinement, tu t’es récemment filmé à courir 60 km autour de ta maison, pour un total de 658 tours. Le résultat est surprenant; une vidéo méditative autour d’une épreuve physique et mentale exténuante. Quel était ton objectif avec ce projet, et savais-tu quelles prises de vues le matérialiseraient, ou bien as-tu tout filmé pour ensuite concevoir le tout en studio?

Alex: Étant quelqu’un pour qui la course est une façon d’explorer le monde, de courir 60km autour de la maison n’est pas l’idée la plus excitante. Mais avec le monde dans l’état où il est, j’ai cru bon de faire un peu d’introspection, et d’emmener une facette physique à ma méditation journalière. Ou peut-être suis-je devenu un peu fou avec ce confinement. Je voulais que le film reflète le côté mental de la course d’endurance, mais surtout qu’il ne soit pas un accéléré de 7h de séquences filmées avec une GoPro. Quelques prises de vue étaient planifiées, mais d’autres ont été improvisées à partir de remarques impromptues. C’était sympa de pouvoir donner une direction au projet et courir en même temps, et comme tu peux imaginer, j’ai eu pas mal de temps pour y réfléchir!

60 km de course. 60 secondes de film. 658 tours.

« Le caractère assommant de l’épreuve ne s’est vraiment installé qu’aux alentours du 250ième tour. J’ai l’habitude de mettre un pied devant l’autre pour des heures, de faire face aux hauts et bas d’un ultramarathon ou d’un sentier technique, mais là, c’était bien différent. »

Pour lire la narration complète de Here and Far, une exploration en méditation, visitez le journal avos