mots et images par: Sarah Cotton

Yesterday, March 16th, I chased my best friend around a parking lot, begging for a hug. She ran circles around her car, avoiding contact with me. It was a live version of one of those jokes somebody makes that’s clouded by a subtle hint of utter seriousness. The numbers of people infected with COVID-19 had grown exponentially, but we did not yet have formal living restrictions in place. Most people were working from home, and we knew we shouldn’t be cross-contaminating germs, but we were still willing to walk a trail together, side by side. We bumped elbows once, and made note of it – jokingly, nervously. 

J’habites dans la Bay de San-Fransisco, à Oakland, et aujourd’hui, nous étions la première région au État-Unis, à imposer le protocole de confinement complet. Cette mesure sera effective pour les prochaines semaines à venir, du moins, pour le moment. Après avoir écouté les nouvelles et avoir hautement paniqué avec mes colocataires, je suis allée courir, propulsé par l’anxiété que dans les prochains jours, on me l’interdise. Les rues sont calmes et plutôt vides, mais le sentiment d’inquiétude se fait bien présent. En me voyant courir, les gens se distancient par peur que je pénètre leurs bulles de protection, soit le périmètre de six pieds à respecter entre chaque personne. Je commence alors à faire la même chose en voyant les prochains passants, question de ne pas déranger leurs moments en plein air. En continuant ma course, on m’offre parfois des sourires assez nerveux où bien, on m’évite complètement du regard (comme si le virus pouvait se transmette à travers des gestes de politesse). J’essaie de ne pas trop penser à comment les gens réagiraient si par malchance, je me blessais et que j’aie besoin d’aide… oseraient-ils sortir de leurs périmètres ?

Je ne suis jamais senti aussi éloignée des autres, et pourtant je ne me suis jamais senti aussi proche. Nous sommes tous touchés par cette crise et personne ne peut utiliser un quelconque privilège pour s’en sortir. Même le Président Trump a accepté de se faire tester. Nous sommes tous nerveux et nous luttons tous contre ce qui se passe, en cherchant la stabilité ou la raison. La course a toujours été ma manière de lutter contre tout, c’est pourquoi je m’y fis énormément, surtout dans une telle situation. Néanmoins, parfois il n’y a pas de raison, il n’y a pas d’explication et parfois il se peut que ce soit insensé. Il n’y a que la réalité, la réalité que nous devrons affronter, tous ensemble.

J’arrive à une piste de course assez populaire dans la région, et elle me semble peu peuplé. Comme j’arrive au haut de la colline, là où la vue d’Oakland est splendide, je reste sans bouger, à admirer cette vue d’en haut. Je n’ai jamais regardé la ville aussi longtemps. Il y a quelque chose avec le sentiment d’incertitude et de changement, qui provoque un désir substantiel de réflexion.

Durant ces multiples années de confusion qui entourent la fin de ma vingtaine, ma relation avec la course à bien changé. Celle-ci s’est transformé en une pratique de méditation, beaucoup plus qu’une pratique pour balancer les parcelles de ma vie et mon corps, ou pour nourrir ma compétitivité naturelle. La course créer un espace de tranquillité dans mon esprit habituellement préoccupé, et en ce moment, cette tranquillité semble des plus cruciales.

Je réfléchis sur la conversation que j’ai eu avec ma colocataire. Suivant l’annonce du protocole de confinement obligatoire, elle me demande ce qui m’angoisse le plus. En barbotant les deux premières pensées spontanées, soit : la crainte de ne pas avoir le droit de courir et ne pas être en mesure, pour n’importes quelles raisons, de faire mon épicerie, je pense à quel point mes peurs les plus profondes, à ce moment même sont de rester en vie et ultimement de tranquilliser mon esprit pour penser et vivre.

Je réalise aussi que ma préoccupation première se situe au haut de la pyramide Maslow, et à quel point je suis chanceuse considérant la situation mondiale. Je le reconnais, je le suis, en j’en suis extrêmement reconnaissante. Je m’appuis sur l’étrange sentiment d’être forcée à garder une distance avec les autres et comment je ressens la nécessité d’être plus proche de l’humain, de façon intrinsèque. En regardant les voitures passer devant la rue (la rue que je vais voir pour les prochaines semaines), je reconnais maintenant l’importance de contribuer à ma communauté et de ne jamais la laisser tomber. Cela me semble essentiel plus que jamais. 

J’ai le désir d’entendre la voix de mes ami(e)s et de ma famille, de démontrer ma reconnaissance à mes proches, de contacter ceux que j’aime, prendre soin de ceux qui m’entourent, faire un don à quelqu’un dans le besoin, ou à une entreprise affaiblie. Rester positif et le partager. Des gestes qui devrait être évident et multiples durant dans la réalité de non- dystopie… La pandémie est bien sûr énigmatique, mais je trouve un peu de réconfort dans la cohésion de tout cela.

Dans des temps comme ceux-ci, il est facile que tout semble difficile et lugubre. Ce qui prend le plus d’effort est de prendre conscience des belles choses qui nous entourent, comme le lever et le coucher du soleil ou de réaliser tout ce qui est beau et bon pour nous. C’est le temps aussi de réaliser quels changements positifs on peut apporter et comment on peut contribuer. Pour que ceux en santé respectent la sécurité des plus vulnérables. pour que ceux qui ont quelque chose à donner et à contribuer, pour que l’État puisse fournir des maisons pour loger les sans-abris, pour que le gouvernement aide les travailleurs et les entreprises dans le besoin. En temps de crise, nous creusons profondément pour prendre soin les uns des autres – nous exploitons des ressources que nous accumulons autrement pour nous-mêmes. Mais cette générosité et cet amour sont toujours présents. N’oublions pas ce sentiment lorsque nous retrouvons l’homéostasie.