Mots par: Brittni Hutton & Brandon Birdsong (a.k.a. 2 runners 1 sprinter)
Images par: Austin Garza-Kilcullen

Si nous n’habitions pas dans un mini-van est-ce que cette histoire serait aussi cool? Probablement pas, mais au final, ça n’a rien à voir avec être cool. Ce récit relate une aventure, des expériences, des souvenirs, la sueur, le sang et les larmes (mais surtout la sueur) qui m’ont amené à me préparer pour la plus grosse course de ma carrière en course à pied, les qualifications olympiques de 2020. Je m’entraine chaque jour, à partir de notre mini-van Sprinter 4×4, avec mon fiancé et coach, Brandon Birdsong.

Il y a quelque chose de libérateur dans la possibilité de se réveiller et d’y aller – littéralement et figurativement. C’est le mode de vie qui vient avec vivre dans un mini-van. Nous sommes vraiment libres. Nous allons comme bon nous semble, et si quelque chose nous semble bon, alors nous y allons. L’un des plus gros avantages de ce mode de vie, c’est qu’il nous permet de nous déplacer selon les conditions météo. Ça nous permet de suivre les conditions les plus propices à l’entrainement. Que ce soit l’altitude et les nuits fraiches de l’été au Colorado, ou les journées plus chaudes du sud, ce ne sont pas quelques heures de route qui nous empêchent de s’y rendre.

Au moment auquel ces mots sont écrits, nous sommes à Austin. Il fait chaud, et le climat y est similaire à ce qu’on retrouve à Atlanta, où se tiendront les qualifications pour les Jeux Olympiques de 2020.

Nous nous y plaisons. Town Lake – aussi connu sous le nom de Lady Bird Lake – est l’un des meilleurs sentiers que j’ai pu avoir le plaisir de courir. C’est une boucle de 10 miles sur un sol de terre à l’ombre d’une épaisse canopée, avec une vue magnifique sur la ville. J’adore me lever tôt pour voir le lever du soleil, et d’en voir les timides rayons réchauffer la ville en contrebas. J’aime aussi entendre et voir les rameurs dédiés qui se lancent sur les vagues fraiches de la rivière Colorado. C’est toujours une bonne dose d’inspiration, dès le petit matin. La route Shoal Creek est aussi un endroit que j’apprécie. On y retrouve de larges voies cyclables sur une succession de collines roulantes, parfait endroit pour des entrainements ou des journées à faible intensité. J’apprécie aussi de courir à partir de Barton Springs, une source froide naturelle au cœur même d’Austin. L’eau y est généralement entre 65 et 70 degrés (Fahrenheit), et de s’y lancer par journée chaude est un réel plaisir thérapeutique. 

Ce que je préfère le plus d’Austin par contre, c’est la présence d’une communauté, malgré que la ville soit plutôt grande. Avec ses marchés publics, ses allées bordées d’arbre et de pistes cyclables, cette ville est un réel plaisir à explorer et à vivre au jour le jour. Bien que la ville soit en constante expansion, on a l’impression que son charme texan ne la quittera jamais (ou du moins, on l’espère!).

La vie sur la route nous permet d’accepter et de saisir le risque. Ce n’est pas toujours confortable, certes, mais ça nous permet de rester vulnérables. C’est la fondation de nouvelles idées, de notre bonheur, de notre créativité, et de l’amour que nous avons l’un pour l’autre, et pour les autres. Par exemple; vous rappelez-vous la dernière fois qu’un inconnu vous a invité chez lui? C’est le genre d’expériences qui arrive fréquemment lorsqu’on vit sur la route – on dirait que les gens sont plus curieux et moins défensifs face aux voyageurs, à ceux qui ne font que passer. Parfois, ce n’est qu’un simple « bonjour » qui permet de souder de nouvelles amitiés. Des amitiés qui, lorsqu’elles se recroisent, reprennent exactement là où elles se sont laissées. Ces amitiés font tomber les façades et permettent de connecter et d’apprendre à se connaitre à un niveau bien plus profond.

À quoi ressemble une journée d’entrainement pour les qualifications olympiques dans un mini-van?

  • LE CAFÉ : Le réveil, suivi de la mise en marche du bruleur pour faire bouillir de l’eau. La presse française était notre méthode de prédilection, mais l’expérience nous a appris que la presse n’était pas la plus simple à nettoyer, et qu’ainsi nous gaspillions plus d’eau. Maintenant, c’est le filtre manuel.
  • L’ENTRAINEMENT, PREMIÈRE PARTIE : L’entrainement, c’est à chaque jour de la semaine, parfois deux fois par jour, avec l’occasionnelle journée de repos. Nous dormons généralement directement à côté du sentier. Donc pas de temps perdu à se déplacer, le sentier étant juste passé le pas de la porte.
  • LE BRUNCH : Le brunch, c’est ce que nous préférons. Des œufs, du gruau, du pain doré, des burritos… Peu importe, tant que nous pouvons le préparer dans le van en utilisant notre bruleur au propane. Le menu est variable, mais les burritos déjeuner ont habituellement la cote.
  • L’EXPLORATION : Nous essayons de passer quelques heures de chaque journée dans des conditions nous sortant de notre ordinaire. Les attractions locales, le musée, les circuits artistiques, etc.
  • LA SIESTE : À chaque jour. C’est une nécessité.
  • L’ENTRAINEMENT, DEUXIÈME PARTIE
  • LE SOUPER 
  • NETFLIX!: Pour nous, c’est une nouveauté. Nous n’avons plus de télévision depuis des années, mais nous avons récemment opté pour un service internet par TheRVitGuy.com. C’est fou! Accès illimité, sans interruption.

Bien entendu, l’entrainement sur la route ne vient pas sans embuches. Nous avons eu un départ assez difficile pour ces qualifications. Lors de ma première semaine de retour à l’entrainement, j’ai disloqué mon joint claviculaire en faisant du vélo (et ça a fait foutrement mal). J’étais aussi aux prises avec des défis personnels, et je n’ai pas réagi aussi bien que j’aurais pu.

Nous avions discuté d’une approche différente à mon entrainement par le passé, mais n’avons jamais vraiment pris le temps de la mettre en pratique, jusqu’à maintenant. C’est ainsi que nous avons opté pour une approche favorisant ma santé mentale plus que ma forme physique pour entamer la phase d’entrainement suivante. J’ai un historique d’auto-sabotage venant des attentes et de la pression que je m’impose lorsqu’il est question de la course. Nous sommes arrivé à contrer ces défis par des moyens comme la méditation, le « journaling » et des discussions hebdomadaires en profondeur sur l’entrainement et la vie qui l’entoure.

Parfois, mon attitude et mon égo prenaient le dessus, m’empêchant de terminer mes entrainements, sans compter les prises de bec avec Brandon. C’est difficile, car à certains moments, c’est comme si notre relation était mise au ban par la course. Il est aussi évident que de vivre constamment à proximité d’une autre personne peut empirer de telles situations. Mais c’est aussi cette proximité qui nous a permis de réaliser que nous sommes ensemble dans cette aventure, et qu’il n’y a rien que nous ne sommes pas prêt à affronter à deux.

Quelques autres ajustements que j’ai du faire lors de cette progression vers les qualifications incluent la pratique de la pleine conscience et du « self-love ». Cette pratique nous redonne à tous les deux de la perspective, et le plus grand changement qu’elle a opéré a certainement trait à mes pensées. Mes pensées et émotions négatives ont été, petit à petit, remplacées par un monologue interne plus inspirant. J’apprends désormais à oublier des pensées telles que « c’est mon histoire, et ça en sera toujours ainsi », alors qu’elles sont remplacées par réflexions comme « je m’aime suffisamment pour vivre mes passions. Je suis ici. Je suis prête. »

L’opportunité de courir les qualifications olympiques 2020 est réellement un rêve devenu réalité (un rêve né de mes dernières années au lycée) et me rapproche un pas de plus de mon objectif ultime d’un jour être olympienne. Ce serait naïf de croire que je me qualifierai au top trois cette année; je sais que mon talent d’athlète n’y est pas encore. Mais je sais par contre que j’ai ce qu’il faut pour me qualifier dans les 20-30 meilleures femmes au pays. « Whatever happens, I showed up » (Oui, c’est une citation de Des Linden, mais c’est pour vrai!). Je suis vraiment fière de moi pour avoir fait tout ce que je pouvais pour me préparer, et je suis déjà fière de faire tout ce que je ferai une fois le jour de la course arrivé. Cette progression aura été une aventure, un mode de vie que j’ai appris à apprécier tout au long.

Après les qualifications, nous retournerons au Colorado pour commencer la construction de notre nouveau van. Oui oui, vous avez bien lu, nous avons acheté un nouveau van… et son nom est Big Betty! Big Bertha restera toujours notre favorite, mais elle doit malheureusement se diriger vers une nouvelle famille, et de nouvelles aventures. Bien entendu, je prendrai une pause suite aux qualifications. Mais ce ne sera pas trop long avant que je m’y remette pour une autre saison de course sur courte piste. J’ai vraiment hâte à tout ce que l’avenir nous réserve, à Brandon et moi, avec notre prochain van, et bien plus loin.

Suivez Brittni et Brandon dans leurs aventures sur instagram @2runners1sprinter.