er<\/sup> m\u00e9daill\u00e9 d\u2019or africain et noir. Course \u00e0 pied \u00e0 l\u2019Ethiopienne, le mythe \u00e9crase autant qu\u2019il fascine. Ma boule au ventre a donc de beaux jours devant elle, lorsque qu\u2019Addis l\u2019anarchique apparait sous l\u2019avion.<\/p>\n\n\n\nMais de chainon manquant, c\u2019en est un autre que l\u2019\u00c9thiopie fait briller. Celui qui s\u00e9pare course et trail. V\u00e9hicule p\u00e9destre simple (faute de bus), et ph\u00e9nom\u00e8ne fashion. D\u00e9pouillement de l\u2019utilitaire, et course nature pour employ\u00e9s. Alors, toucherai-je l\u2019ADN originel de la foul\u00e9e ? Vais-je en savoir un peu plus, r\u00e9ussir \u00e0 rencontrer pour comprendre ? et si la farce \u00e9tait encore plus grande ? Aussi grosse que mes tenues de trailers sont fluos.<\/p>\n\n\n\n <\/figure>\n\n\n\nEn cet apr\u00e8s-midi, je jure au milieu des Lada sur les hauteurs d\u2019Addis. D\u2019ailleurs, je suis un juron int\u00e9gral. 3h de trot, entre trafic et Hellos<\/em>, les Monts Entoto sont loin mais je continue de me poser la Question ridicule : quel sera le trail ici ? sol, inclinaison, terrain mou ou v\u00e9g\u00e9tation, \u00ab crit\u00e8res \u00bb… J\u2019en ai le vertige du stupide. La valse des concepts me saisit, alors que je nage en plein flirt avec la patrie de la course. Et qu\u2019elle soit nature ou pas, l\u2019\u00c9thiopie semble s\u2019en ficher. Seule certitude, chaque m\u00e8tre parcouru recueille un nouveau compagnon de running, qui tient \u00e0 me suivre. Il est vraiment temps de filer vers le c\u0153ur du voyage. Cap sur Debark o\u00f9 un champion m\u2019attend. Mais \u00e7a, je ne le sais pas encore. Azimut : Lalibela pour une acclimatation \u2018off\u2019, et Parc National du Simien.<\/p>\n\n\n\nCar il est un joyau qui devient obsession. Ainsi rayonne le Simien, nom myst\u00e9rieux qui parait serpenter. Patrimoine UNESCO couvrant \u00e0 peu pr\u00e8s 70 sur 30km. Capable de d\u00e9cider le plus chauvin \u00e0 quitter son plus beau Massif Central du Monde, ou ses plus ondoyantes Corbi\u00e8res du Continent. Ne suffit que de l\u2019entrapercevoir pour le d\u00e9sirer. Aussi, je demande pardon aux g\u00e9ographes, aux vrais sachants, aux po\u00e8tes du talweg et troubadours du glacis, aux topographes et g\u00e9ologues. Pardon aux Tesson-Bouvier, car voici ce Simien : un Causse en \u00c9thiopie. Dorsale \u00e0 cirques, ondulant d\u2019est en ouest, bord\u00e9e par 300m de vide tout au long de sa sinuso\u00efde. Navacelles peut se rhabiller un peu, le Simien d\u00e9roule dans mes songes ses 65km \u00e0 courir.<\/p>\n\n\n\n
Sec comme de l\u2019amadou puis vert tendre, le single track s\u2019invente et se d\u00e9guste sur carte. Sa porte s\u2019ouvre \u00e0 Debark, check point du staff obligatoire : 4×4, anges gardiens, guide et cuisiner, grands Manitous des campements magiques. Et ce ranger arm\u00e9, \u00e0 la protection aussi souriante que symbolique. Ainsi va la loi.<\/p>\n\n\n\n <\/figure>\n\n\n\nOr, personne n\u2019aurait encore r\u00e9alis\u00e9 de travers\u00e9e du parc\u2026en courant. Rien d\u2019une envie d\u2019exploit, les pieds sont venus jusqu\u2019ici pour leur usage habituel : le plus simple et efficace des v\u00e9hicules pour rencontrer. Mais la curiosit\u00e9 va plus vite que les formalit\u00e9s, et l\u2019info me pr\u00e9c\u00e8de partout depuis 10 jours. Dans chaque village, incroyable engouement du quidam : pour un blanc bec tatou\u00e9 et affubl\u00e9 d\u2019un marcel. Vieux et minots, boiteux et stars, il faut trotter-causer un bout ensemble. Comment cet arlequin de kermesse peut-il susciter cette envie ? alors on court. On court ensemble. Chaque matin, un nouvel ami de 15 bornes sur le pas de la porte. Pas de but d\u00e9guis\u00e9, ou si rare. Sensation d\u2019approcher alors, une vision locale et \u00e9pur\u00e9e de la course \u00e0 pied. Or ce soir, un coureur, j\u2019en ai un face \u00e0 moi.<\/p>\n\n\n\n
Derri\u00e8re son Fanta, le regard mitraille depuis 15 minutes. Sourires et silences, \u00e9conomie des mots mais instinct d\u00e9cupl\u00e9. On se flaire, il m\u2019impressionne. Quant \u00e0 moi ? J\u2019en doute. Pour l\u2019instant le protocole c\u00e8de la place \u00e0 l\u2019animal : quand un gringo s\u2019aventure chez la Reine de Saba, on lui fait gr\u00e2ce de l\u2019\u00c9tiquette. Puis la question fuse : \u00ab tu vaux combien au semi ? \u00bb. Minute embarrass\u00e9e cachant la contre-perf\u2019, semblant de r\u00e9flexion cache-mis\u00e8re. Me vient un vieux chrono d\u2019au moins 15 ans. \u00ab1h24, euh je crois, chai plus \u00bb. R\u00e9action : inspir d\u00e9tach\u00e9. \u00ab Ok. Moi, un peu moins d\u20191h03 \u00bb. Les choses sont claires. Pas de fausse politesse, pas de gimmick \u00ab bravo, belle course \u00bb. Chacun son temps, et point de conflit. Gebrie a 29 ans. 52 kg. Pointure 38. Gebrie, c\u2019est Gebrie Erkihum Jenberie. 4e<\/sup> du semi madril\u00e8ne 2019 \u2013 1h02\u201947\u2019\u2019. Un instant pour r\u00e9aliser, pression, breaking news quoi ! Notre guide m\u2019en informait la veille : \u00ab par s\u00fbret\u00e9, mais surtout en cette 1\u00e8re<\/sup> travers\u00e9e, un coureur local t\u2019accompagnera. Tranquille, chacun son rythme. Il y tient. En outre, il n\u2019a jamais couru autant \u00bb. Et Monsieur G.E.J, himself, sourit paisiblement.<\/p>\n\n\n\n <\/figure><\/div>\n\n\n\n\u00ab Are you happy ? \u00bb Tels sont les 3 mots de mon compagnon, 12 heures durant. L\u2019anglais peut se rar\u00e9fier, lorsque gestes et respirations expriment mieux. Happy, yes. En r\u00e9alisant que le r\u00eave, on est en train de l\u2019habiter. Puis d\u2019en sortir ext\u00e9nu\u00e9s, mais chimiquement m\u00e9lang\u00e9s \u00e0 jamais. Mais surtout, ce Simien : Sankaber, Geech, Imet Gogo, Chennek, Chiro Leba. 70 babouins Gelada comme pacers, poitrails bleut\u00e9s et regards de parents. Les heures avancent, les semi s\u2019enchainent, et la foul\u00e9e commune se renforce. Regard et relance, ne pas trop s\u2019attarder au casse-croute. Gebrie est l\u00e9g\u00e8ret\u00e9, je traine une gaie pesanteur mais d\u2019ennui, point. Une seule incapacit\u00e9 : s\u2019habituer au cin\u00e9mascope. Chaque borne d\u00e9roule sa ligne de cr\u00eate, de mirador en 16\/9e<\/sup>. Mont\u00e9e, descente, perte heureuse. Une baisse de r\u00e9gime, un brin d\u2019appr\u00e9hension quant \u00e0 l\u2019endurance ; bref la plus jolie normalit\u00e9 d\u2019une cord\u00e9e d\u2019un jour. Mais je ne soup\u00e7onnais pas le pouvoir du silence. Et la d\u00e9couverte se fait totale, lieux et relation d\u00e9cupl\u00e9s. Jusqu\u2019\u00e0 un Bwahit de cr\u00e9puscule, jusqu\u2019\u00e0 ce feu qui longtemps br\u00fblera au camp de Sankaber. Persistance r\u00e9tinienne : le pied de mon ami, d\u00e9licat sur une pierre improbable. Se pose\u2026<\/p>\n\n\n\n <\/figure><\/div>\n\n\n\n\u00ab Et toi, tu vaux combien, au semi ? \u00bb. La question m\u2019habite encore – le sourire avec. UTWT, ITRA ou saucissonnade, pas un jour sans. Oh, pas de notion de perf\u2019, non. Mais la r\u00e9v\u00e9lation d\u2019un d\u00e9calage, et d\u2019une culture Ethiopienne qui ne demande qu\u2019\u00e0 \u00eatre interrog\u00e9e. Notre course, quelle est-elle en regard ? Le vol retour n\u2019en finit toujours pas. Pourquoi l\u2019\u00c9thiopie ? Pourquoi l\u2019aimant du Simien, antenne \u00e0 r\u00eave mais inconnue de nos manuels ? Quelle magie pour patienter 30 ans ? Si peu de r\u00e9ponses. Mais une piste : il en va ainsi des voyages \u00ab oblig\u00e9s \u00bb. Des caps de vie et autres retours aux sources \u2013 de soi-m\u00eame, la rengaine est connue. Morale des moralit\u00e9s : y retourner. Et profiter de ne plus se questionner. Remontez le fil, vous aussi. La trace est l\u00e0. On vous y attend.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
mots & photos: julien gilleron \/ transversale20g\u00e9n\u00e9reusement fourni par: trail endurance mag #140 Remonter aux origines : c\u2019\u00e9tait \u00e9crit. A courir…<\/p>\n","protected":false},"author":5879,"featured_media":140152,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[4121],"tags":[],"acf":[],"yoast_head":"\n
\u00e9thiopie : sources du trail - Ciele Journal<\/title>\n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n