reinvent it - feature

réinventer.

réinventer.
Notre garantie million miles est claire; « Nous voulons que vous soyez heureux. Si vous êtes insatisfaits avec votre produit Ciele Athlétique™, n’hésitez pas à nous le retourner pour réparation ou remplacement ou remboursement. En retour, nous vous demandons d’en prendre soin et si vous ne l’utilisez plus, réinventez-le, donnez-le, échangez-le ou recyclez-le. »

L’étiquette intérieure de nos produits dit tout simplement : « Prenez soin. Réinventez, échangez, donnez, recyclez. »

Avec les années, nous avons amassé une petite collection de produits qui nous ont été retournés en garantie, sont irréparables, et attendent le moment opportun pour reprendre vie sous une nouvelle forme.
C’est au printemps dernier que cette opportunité s’est présentée. Nous avons nettoyé une boite de nos casquettes et les avons envoyées en Suisse pour permettre à des étudiants en design de l’ECAL de les réinventer.

À la fin du semestre, nous avons eu une réunion interne pour étudier chacune des propositions des étudiants, et permettre à notre équipe de voter sur les meilleurs concepts. L’exercice n’a pas été facile : 28 concepts ont reçu au moins un vote, et trois ont remporté la palme, quoique de justesse.

Nous avons pris le temps de nous asseoir et de discuter avec le professeur, Martino, et les trois étudiants dont les designs ont été sélectionnés par notre équipe.
Dan : D’où est venue cette idée d’un concours de réinvention de nos produits?

Martino : Un proche collaborateur de Ciele a approché le directeur du département de design industriel de l’ECAL, Stéphane Halmaï-Voisard, et c’est lui qui m’a ensuite introduit à la discussion et m’a suggéré d’ajouter ce projet à mon semestre printanier avec mes étudiants.

Dan : Est-ce que le concept du cycle de vie d’un produit en aval de sa vie directement utile (donc une deuxième vie) est quelque chose d’important pour vous, à l’ECAL?

Martino : Oui! En fait, ce qui est vraiment le plus surprenant et gratifiant pour moi est de voir nos étudiants, super motivés, aider à la progression vers le développement durable de nos sociétés. Après tout, ce sont eux les futurs gardiens de notre planète, alors c’est normal qu’ils s’intéressent à ça. Mais encore, c’est toujours vraiment satisfaisant de les voir prendre cette responsabilité avec autant de sérieux et une certaine imputabilité, et de se soucier de l’avenir de l’humanité.

Dan : Est-ce possible de croire qu’avec des projets comme ça, ce sera possible d’avoir un impact plus large sur la prochaine génération de designers et ainsi réduire de plus en plus le gaspillage en allongeant la vie utile des produits et des matériaux?

Martino : C’est difficile à dire, car si ce n’est qu’une « vague », le mouvement risque de retomber assez vite. Toutefois, je constate que les jeunes ont une réelle aspiration pour un monde meilleur et développent ainsi, dans toutes leurs activités, une conscience et un intérêt profond pour la durabilité. Je leur dis souvent qu’en tant que « consomm-acteurs » et surtout en tant que designers, « acheter, c’est voter », ce qui fait beaucoup de sens en Suisse car nous votons sur à peu près n’importe quoi.
Dan : Quel a été le moment le plus inspirant à travers tout le semestre de travail sur ce projet?

Martino : De témoigner de la créativité et de la motivation des étudiants face à un projet qui, il n’y a que quelques années, aurait été un flop (et j’enseigne à l’ECAL depuis 18 ans). L’idée de réutiliser un objet usagé et d’en faire quelque chose de nouveau, c’est « sexy » aujourd’hui. Le design en devient la valeur ajoutée qui attire désormais bien plus que la valeur des matériaux de base ou que la notoriété (parfois creuse) d’une marque. Il faut dire qu’en Suisse, des marques comme le célèbre fabricant de sacs Freitag (qui utilise d’anciennes bâches de camion pour faire des sacs très solides) font figure de proue et sont des pionniers qui ont, je pense, fortement contribué à développer et valoriser l’intérêt pour ce genre de démarches depuis de nombreuses années déjà. C’est encourageant de voir que de plus en plus, les produits se doivent d’avoir une quatrième dimension, celle de l’éthique.

Dan : Autres choses à ajouter?

Martino : Juste un conseil à tous les lecteurs : n’achetez pas inutilement, n’achetez pas pour la marque, n’achetez pas pour la mode, n’achetez pas pour le statut… Achetez car vous en avez besoin, que le design est intelligent et s’inscrit dans une logique de circularité ou, à tout le moins, de durabilité. Achetez du design, celui qui est respectueux de la nature, mais qui démontre aussi une profondeur éthique à l’égard des gens qui le fabriquent. Encore une fois, « acheter, c’est voter ».

“everybody run” – giulia burrus
Dan : D’où te vient l’inspiration pour ton concept? Ça représente quoi pour toi ?

Giulia : Dans un premier temps, j’ai été inspirée par votre site internet, axé principalement autour de la thématique du sport. C’est pourquoi, j’ai voulu me pencher là-dessus. Par la suite, j’ai réfléchi à un objet que j’avais chez moi qui n’était pas très moderne. J’ai directement pensé à ma pochette de téléphone pour courir, vieille de plusieurs années. J’ai voulu améliorer cet objet grâce à vos casquettes colorées qui ont tout de suite donné plus de vie à mon vieil objet.

Dan : Est-ce que ce projet a changé ta perspective sur des vêtements/accessoires désuets ? Est-ce que selon toi, tout peut avoir une deuxième vie?

Giulia : Pendant le confinement, j’avais déjà commencé à retravailler des habits avec ma machine à coudre, ma mentalité sur les vêtements désuets avait déjà évolué, mais ce projet m’a aidé à approfondir mes connaissances et ma technique de couture. Évidemment, tout objet peut avoir une deuxième vie, il faut juste avoir un peu d’imagination.

Dan : Ce projet te donne-t-il envie de travailler sur d’autres concepts de « upcycling » ? Si oui, lequel par exemple ?

Giulia : C’est un concept que j’apprécie énormément et je vais continuer à faire des projets du type « upcycling ». Je trouve essentiel dans le monde d’aujourd’hui d’avoir ce type de réflexe. J’aimerais continuer à retravailler des pantalons ou d’autres types d’habits avec des vêtements que je n’utilise plus.
“sun rays” – elie seksig
Dan : D’où te vient l’inspiration pour ton concept? Ça représente quoi pour toi ?

Elie : L’idée de mon projet « Sun Rays » m’est venue en observant l’ombre que les casquettes projettent sur le visage en plein soleil. Je me suis demandé comment je pouvais jouer avec cette ombre pour la rendre plus palpable, comme si elle faisait partie intégrante de la casquette. J’ai choisi d’utiliser un textile blanc afin de rendre la casquette presque invisible pour que l’attention soit principalement portée sur son interaction avec la lumière. Pour moi, Sun Rays représente l’été, dans sa légèreté et sa simplicité.

Dan : Qu’est ce qui était le plus difficile pour toi dans le processus de réinvention des casquettes?

Elie : Comme je ne suis pas un grand sportif, j’ai essayé de me réapproprier les casquettes Ciele en leur redonnant de la fantaisie de manière poétique et une touche d’humour. J’ai finalement eu beaucoup de plaisir à travailler avec les casquettes. Je trouve que, comme avec des sneakers, elles sont un accessoire qui peut devenir un médium à part entière et qui permet d’exprimer une infinité d’idées. Le plus dur était peut-être de passer le cap où en regardant sur Instagram, on a l’impression que tout a déjà été fait. Quand on met de sa personnalité dans un projet, on peut être sûr que le résultat sera authentique.

Dan : Ce projet te donne-t-il envie de travailler sur d’autres concepts de « upcycling » ? Si oui, lequel par exemple ?

Elie : J’ai toujours été intéressé par « l’upcycling », surtout dans le design de vêtements. L’industrie de la mode et la « fast fashion » sont aujourd’hui la cause de beaucoup d’enjeux environnementaux et sociaux et j’aimerais créer, à travers mes projets, des alternatives plus éthiques et responsables pour les consommateur.trice.s. J’ai récemment pu mettre la main sur des dizaines de mètres de toile de montgolfière qui n’attendent plus qu’on leur donne une seconde vie !
“relaks” – cyprien cossy
Dan : D’où te vient l’inspiration pour ton concept? Ça représente quoi pour toi ?

Cyprien : Mon travail a débuté́ par une déconstruction complète de la casquette, afin de comprendre sa fabrication et ses matériaux. Le côté flexible de la visière m’a tout de suite rappelé́ une claquette de plage. J’ai combiné cela à l’univers sportif de la marque et m’est venu l’idée d’une pantoufle pour se détendre après le sport.

Dan : Qu’est ce qui était le plus difficile pour toi dans le processus de réinvention des casquettes?

Cyprien : De garder l’identité́ visuelle de la casquette ainsi que d’ajouter le moins d’éléments externes possible.

Dan : Est-ce que ce projet a changé ta perspective sur des vêtements/accessoires désuets ? Est- ce que selon toi, tout peut avoir une deuxième vie?

Cyprien : Il faut privilégier le plus possible ce genre d’initiatives, ou du moins réparer au lieu d’acheter à neuf à chaque fois. Je pense que l’on peut donner une seconde vie à tout par des solutions créatives.

à propos de l'auteur.e
dan marrett
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